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La Touche. J’aime le mot, car il s’agit bien de ce qui passe par le toucher.
La surface, avec sa matérialité, sa texture propre, est l’écran sur lequel se projette l’énergie de la main.
Chargé de peinture, le pinceau laisse sa trace, et chacune de ses inflexions tend vers le sens.
Une volonté à la fois consciente et intuitive orchestre ces coups, ces caresses, ces lenteurs, ces frémissements, ces tâtonnements… jusqu’à ce qu’ils signifient précisément cette chose là .
En soi, chaque marque est abstraite, tout au plus reflète-t-elle une technique.
Mais lorsque le geste le plus minime trouve sa place dans la cohérence d’une composition, il signifie, comme un mot, un accent, une intonation.
Il serait facile de dire qu’un pixel aussi, pris dans un ensemble, ne demande qu’à signifier ; mais les pixels resteront toujours identiques entre eux, bien alignés et d’intensité égale.
Tout au contraire, la touche n’est jamais la même, elle s’improvise sur le champ, trouve sa place dans une vision d’ensemble, se révèle dans l’instant vécu.
Elle est trace d’émotion, d’humeur, de tempérament… sismographe de l’âme.
Pour toutes ces raisons, la peinture à la main reste un medium unique et mystérieux pour rendre visibles les images qui nous habitent.
Et cela dure depuis plus de trente mille ans. Il serait bien naïf de croire que la postmodernité a relégué la touche au rang des choses dépassées.
Moins enseignée que jamais, elle n’en est que plus authentique, plus unique à chaque fois.
Ce n’est pas un art qui se perd, c’est un art réservé à une minorité de passionnés.