"Il faut systématiquement explorer le hasard"…
c'était un des mots d'ordre de mai 68. Le hasard, j'en suis persuadé, est une dimension à laquelle tout artiste se confronte. J'étais moi-même plus que surpris lorsque, après avoir peint un "Urban Disaster" dans le contexte du Lower Manhattan, les attentats du 11 septembre sont survenus. Et ce n'est qu'un exemple de ce genre de coïncidences.
En voici un autre. Au début des années septante j'ai rencontré John Baldessari à New York à la gallerie Sonabend; il était un des pionniers de l'art conceptuel, alors que je venais de tourner le dos à l'avant-garde pour me plonger dans le monde de la peinture figurative. Nos trajectoires n'auraient pas pu être plus divergentes. Il y a deux mois j'ai peint une nature morte, une pomme.
J'aime les sujets qui ont une forte charge symbolique. Et, l'autre jour, alors que je feuilletais le numéro de novembre du magazine Art Review (Londres), je suis tombé sur une publicité en pleine page avec une pomme de John. Pas n'importe quelle pomme, une cousine évidente de la mienne. J'ai été frappé de voir comment deux trajectoires que rien ne reliait pouvaient ainsi se croiser. Je vous laisse constater !